Page:Hugo Œuvres complètes tome 5.djvu/22

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pui franc et cordial de la presse, sur la justice de l’opinion, sur l’équité des tribunaux. Il réussira, il n’en doute pas. L’état de siége sera levé dans la cité littéraire comme dans la cité politique.

Quand cela sera fait, quand il aura rapporté chez lui, intacte, inviolable et sacrée, sa liberté de poète et de citoyen, il se remettra paisiblement à l’œuvre de sa vie dont on l’arrache violemment et qu’il eût voulu ne jamais quitter un instant. Il a sa besogne à faire, il le sait, et rien ne l’en distraira. Pour le moment, un rôle politique lui vient ; il ne l’a pas cherché, il l’accepte. Vraiment, le pouvoir qui s’attaque à nous n’aura pas gagné grand’chose à ce que nous, hommes d’art, nous quittions notre tâche consciencieuse, tranquille, sincère, profonde, notre tâche sainte, notre tâche du passé et de l’avenir, pour aller nous mêler, indignés, offensés et sévères, à cet auditoire irrévérent et railleur, qui depuis quinze ans regarde passer, avec des huées et des sifflets, quelques pauvres diables de gâcheurs politiques, lesquels s’imaginent qu’ils bâtissent un édifice social parce qu’ils vont tous les jours à grand’peine, suant et soufflant, brouetter des tas de projets de loi des Tuileries au Palais-Bourbon et du Palais-Bourbon au Luxembourg !


30 novembre 1832.