Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Choses vues, tome I.djvu/216

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d’un concours de poésie. Cela me fit songer qu’en effet M. Peyre a fait au palais de Justice ce que M. Godde a fait à Saint-Germain-des-Prés et ce que M. Debret a fait à Saint-Denis ; et, pendant que M. Lebel donnait quelques ordres aux gardiens, j’écrivis au crayon, sur un pilier de la salle des cheminées, ces vers, qui pourront concourir, si jamais l’Académie ouvre le concours désiré par ces messieurs, et qui, j’espère, auront le prix :

Un sixain vaut une longue ode
Pour chanter Debret, Peyre et Godde ;
L’oison gloussant, l’âne qui brait,
Fêtent Godde, Peyre et Debret ;
Et le dindon, digne compère,
Admire Debret, Godde et Peyre.

Au moment où M. Lebel se retournait, j’avais fini. Il me reconduisit jusqu’à la porte extérieure, et je sortis.

Comme je m’en allais, un groupe d’hommes en blouse, qui semblait attendre sur le quai, dit derrière moi :

— En voilà un qu’on met en liberté. Est-il heureux, celui-là !

Il paraît que j’étais fait comme un voleur. Du reste, j’avais passé deux heures à la Conciergerie, la séance de l’Académie ne devait pas être encore finie, et je songeai, avec un grand contentement d’âme, que, si j’y étais allé, je n’aurais pas été « mis en liberté » d’aussi bonne heure.