Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Choses vues, tome I.djvu/232

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Louis-Philippe était vraiment bien un peu son ouvrage. Elle avait fait cette éducation comme un homme et non comme une femme. Elle n’avait absolument pas voulu compléter son œuvre par la suprême éducation de l’amour. Chose bizarre dans une femme si peu scrupuleuse, qu’elle ait ébauché le cœur et qu’elle ait dédaigné de l’achever !

Quand elle vit le duc d’Orléans roi, elle se borna à dire : — J’en suis bien aise.

Ses dernières années furent pauvres et presque misérables. Il est vrai qu’elle n’avait aucun ordre et semait l’argent sur les pavés. Le roi la venait voir souvent ; il la visita jusqu’aux derniers jours de sa vie. Sa sœur, Madame Adélaïde, et lui ne cessèrent de témoigner à Mme de Genlis toute sorte de respect et de déférence.

Mme de Genlis se plaignait seulement un peu de ce qu’elle appelait la ladrerie du roi. Elle disait :

— Il était prince, j’en ai fait un homme ; il était lourd, j’en ai fait un homme habile ; il était ennuyeux, j’en ai fait un homme amusant ; il était poltron, j’en ai fait un homme brave ; il était ladre, je n’ai pu en faire un homme généreux. Libéral, tant qu’on voudra ; généreux, non.