Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Choses vues, tome II.djvu/164

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

J’ai écrit ce matin ma Lettre aux Allemands. Elle paraîtra demain.

Visite du général Cluseret.

À dix heures, j’ai été au Rappel corriger l’épreuve de ma Lettre aux Allemands.


9 septembre. — Visite du général Montfort. Les généraux me demandent des commandements, on me demande des audiences, on me demande des places ! Je réponds : Je ne suis rien.

Vu le capitaine Féval, mari de Fanny, la sœur d’Alice[1]. Il arrive de Sedan. Il était prisonnier de guerre. Renvoyé sur parole.

Tous les journaux publient mon Appel aux Allemands.


10 septembre. — D’Alton-Shée et Louis Ulbach[2] ont déjeuné avec nous. Après le déjeuner, nous sommes allés place de la Concorde. Un registre est aux pieds de la statue de Strasbourg couronnée de fleurs. Chacun y vient signer le remerciement public. J’y ai écrit mon nom. La foule m’a tout de suite entouré. L’ovation de l’autre soir allait recommencer. Je suis vite remonté en voiture.

Parmi les personnes venues chez moi, Cernuschi[3].


11 septembre. — Visite du sénateur des États-Unis M. Wichow. M. Washburn, le ministre américain, le charge de me demander si je croirais utile une intervention officieuse de sa part auprès du roi de Prusse. Je le renvoie à Jules Favre.


12 septembre. — Entre autres visites, Frédérick Lemaître.


13 septembre. — Aujourd’hui, revue de l’armée de Paris. Je suis seul dans ma chambre. Les bataillons passent dans les rues en chantant la Marseillaise et le Chant du départ. J’entends ce cri immense :


Un Français doit vivre pour elle,
Pour elle un Français doit mourir.


J’écoute, et je pleure. Allez, vaillants ! j’irai où vous irez.

Visite du consul général des États-Unis et du sénateur Wichow.

  1. Femme de Charles-Hugo. (Note de l’éditeur.)
  2. Romancier, publiciste, directeur de la Revue de Paris, critique dramatique du Temps,, directeur de la Cloche. (Note de l’éditeur.)
  3. Économiste, fut lié avec les principaux chefs de l’opposition sous l’empire, donna cent mille francs à l’époque du plébicite pour la propagande contre l’empire. Légua à la ville de Paris le musée qui porte son nom. (Note de l’éditeur.)