Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Choses vues, tome II.djvu/189

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14 janvier. — Mot d’une femme pauvre sur le bois fraîchement abattu : — Ce malheureux bois vert ! on le met au feu ; il ne s’attendait pas à ça, il pleure tout le temps.

Le pape dit de l’abbé Dupanloup : L’évêque d’Orléans a un chemin de fer dans la tête.


15 janvier, 2 heures. — Bombardement furieux en ce moment.

Je fais les vers Dans le cirque. Après le dîner, je les ai lus à mes convives du dimanche. Ils me demandent de les publier. Je les donne aux journaux.


17 janvier. — Le bombardement depuis trois jours n’a discontinué ni jour ni nuit.

Petite Jeanne m’a grondé de ne pas la laisser jouer avec le mouvement de ma montre.

Tous les journaux reproduisent les vers Dans le cirque. Ils pourront être utiles.

Louis Blanc est venu ce matin. Il me presse de me joindre à lui et à Quinet pour exercer une pression sur le gouvernement. Je lui ai répondu : — Je vois plus de danger à renverser le gouvernement qu’à le maintenir.


18 janvier. — M. Krupp fait des canons contre les ballons.

Il y a un coq dans mon petit jardin. Hier Louis Blanc déjeunait avec nous. Le coq chanta. Louis Blanc s’arrête et me dit : — Écoutez. — Qu’est-ce ? — Le coq chante. — Eh bien ? — Entendez-vous ce qu’il dit ? — Non. — Il dit : Victor Hugo. Nous écoutons, nous rions. Louis Blanc avait raison. Le chant du coq ressemblait beaucoup à mon nom.

J’émiette aux poules notre pain noir. Elles n’en veulent pas.

Ce matin, on a commencé une sortie sur Montretout. On a pris Montretout. Ce soir les prussiens nous l’ont repris.


20 janvier. — L’attaque sur Montretout a interrompu le bombardement.

Un enfant de quatorze ans a été étouffé dans une foule à la porte d’un boulanger.


21 janvier. — Louis Blanc vient me voir. Nous tenons conseil. La situation devient extrême et suprême. La mairie de Paris demande mon avis.

Louis Blanc a dîné avec nous. Après le dîner, sorte de conseil auquel a assisté le colonel Laussedat.


22 janvier. — Les prussiens bombardent Saint-Denis.