Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Choses vues, tome II.djvu/248

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29 octobre. — Une noble femme, une ouvrière de Paris, la même que l’an passé, qui ne signe pas, m’envoie une grande couronne de jais noir pour le tombeau de mes fils.


1er novembre. — Une dépuration du xxe arrondissement est venue me demander de répondre au discours étrange de Gambetta[1]. Étant attaqué par ce discours, ce n’est pas à moi à répondre. J’aurais l’air de me défendre. Je ne me défends jamais. Je l’ai dit à ces braves hommes. Ils ont compris.

  1. Dans un discours prononcé le 27 octobre à Belleville, Gambetta avait dit : « Ceux qui veulent l’amnistie totale sont mus par une générosité de sentiments ; mais qu’ils me permettent de leur dire qu’ils sont dupes de leur cœur, et qu’ils trahissent, bien à leur insu, la cause qu’ils veulent servir. » — Or Victor Hugo n’avait jamais cessé de réclamer l’amnistie pleine et entière.
    Un autre passage du discours faisait allusion aux exilés du coup d’état, à ces aînés républicains qui « traînaient au dehors une existence qui, si elle n’était pas sans dignité, était sans profit pour la France ».(Note de l’éditeur.)