Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Choses vues, tome II.djvu/264

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


FASCICULE DE MON JOURNAL
BORDEAUX.

(Paris.)
Bruxelles[1].


Ma conscience est ma supérieure.




La conquête est une médaille. On y lit : Prendre, et au revers : Rendre.




Pauvre petite Jeanne ! elle est faible et délicate.

Peut-être ne vient-elle que pour un moment.

J’ai dans l’idée qu’elle et moi nous mourrons ensemble, et que c’est l’ange chargé de m’emmener[2].




Éloquence. — Ce qui convient aux assemblées, c’est le grog.

Délayez, délayez.

J’essaie de leur faire avaler de l’élixir ; mais quelle grimace elles font !




L’Assemblée actuelle est puissante pour le mal et impuissante pour le bien. Je ne veux pas être le coopérateur du mal, et je juge inutile d’être le collaborateur de l’impuissance.




En ce moment, voici toute ma pensée en deux mots :

La Commune me fait pitié. L’Assemblée me fait horreur.

Pourquoi ?

Parce que l’une et l’autre font rire la Prusse aux dépens de la France.




Paris malade, le monde a mal à la tête.

J’ai cru devoir être présent à la guerre étrangère et absent de la guerre civile.



  1. Ces deux derniers noms ont été tracé bien plus tard. Victor Hugo ne prévoyait pas, en écrivant le commencement du titre, les tristes événements qui en dicteraient la fin. (Note de l’éditeur.)
  2. Cette pensée a été développée dans les vers : À l’enfant malade pendant le siège. L’Année terrible. (Note de l’éditeur.)