Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome I.djvu/143

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sur ma conduite et mon caractère que tu n’oses me confier[1] ? Chère amie, alors parle, je t’en supplie. Je ne crains pas le grand jour. Je ne commets point de fautes que tu ne puisses me pardonner, même en me jugeant sévèrement, je n’ai point de défauts sur lesquels tu ne puisses me donner des avis que je suivrai toujours avec joie. Si ce sont là les afflictions que tu me caches, tu as bien tort. Des conseils de mon Adèle ne pourraient qu’accroître mon estime et mon respect pour elle, mon amie, ne peut être accru. Adieu. À ce soir. Je t’embrasse mille fois. Adieu, ma femme, adieu. Je t’écrirai samedi.

V.-M. H.
  1. « … Comment, tu crois que je puis avoir des doutes sur ton caractère et, ne dis-tu pas, sur ta conduite ? Mais, cher Victor, ne sais-tu pas que je ne t’aime pas comme un homme ordinaire, et que, si quelque chose m’inquiétait sur tout ce qui est mœurs, tu ne serais plus pour moi mon bonheur, et au lieu d’un seul Victor, il y en aurait mille. C’est parce qu’au milieu de ces mille, je ne trouve que toi qui te ressembles, que je suis fière de t’aimer. Sur ton caractère, que m’importe que certaines personnes ne conçoivent pas tout ce qu’il y a de beau dans ta manière de voir ? Je te comprends, ça fait toute ma joie… Si j’avais plus de temps, je te dirais combien quelquefois je suis en peine d’expliquer ce que je sens parce que je ne suis qu’une bête, mais que vraiment si j’avais plus de facilité à te faire entendre tout ce que j’éprouve, tu t’étonnerais peut-être, non de trouver des moyens que je n’ai pas, mais de tout ce qui m’est inspiré pour toi. « (Reçue le vendredi 15 février 1822.)