Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome I.djvu/194

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te voir en ce moment, te presser dans mes bras, m’assurer qu’elle est bien là, près de moi, qu’elle est bien vivante, celle sans qui je ne puis vivre ! Il n’y a que ta présence qui puisse me calmer. Jusqu’à ce que je te voie, il faut me résigner. Mais je vais te voir bientôt. Que ce bientôt est triste, quand j’ai besoin de te voir tout de suite.

Tu me souriras, n’est-ce pas, mon Adèle ? Dans ce moment où je suis si seul, je pense à ce sourire comme à la félicité des anges, il me semble qu’il me guérira de tout ce que j’ai souffert cette nuit.

Que fais-tu en ce moment ? Pourquoi n’es-tu pas près de ton Victor qui a besoin de toi ? Viens, qu’il se rassasie de ta vue, je suis, Adèle, altéré de te voir et j’en suis fou.

Comment ! tu m’aimes donc, toi qui es pour moi un être plus divin que la divinité même ! Et dis-moi, est-ce que je suis digne de tant de bonheur ? Prends pitié de moi, Adèle, car tout ce qui vient de toi m’enivre de ravissement ou de désespoir.

Adèle, Adèle, mon ange adoré, je vais te voir, je pourrai baiser des lignes que tu auras tracées, un papier que tu auras touché. Adieu, je ne me plains pas, quand je songe à tout cela. Adieu, je t’embrasse et je t’adore.

Ton mari,
Victor.