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qu’il aurait l’honneur de conduire dimanche 21 octobre ces dames au jardin ducal de Monceaux. C’est pourquoi le susdit pestiféré étant parvenu à trouver une mauvaise plume dans l’inextricable chaos de son logis déménagé, s’est mis à écrire sur ses genoux cet illisible billet, afin de supplier ces dames de vouloir bien lui faire dire à quelle heure il doit être dimanche à leurs ordres. Il pense que ces dames n’ont pas oublié leur promesse ; si pourtant cela contrariait quelque nouvel engagement, soit bal, dîner, ou spectacle, il retirerait humblement sa requête, car il préfère les plaisirs de ces dames aux siens et n’ose se flatter que sa seule compagnie puisse les dédommager de quelque sacrifice. Il se permettra toutefois de faire observer à ces dames que c’est pour la troisième ou quatrième fois que la promenade projetée serait remise, et qu’avant peu, si elles jugeaient à propos de la retarder encore, les frimas et les tempêtes se chargeraient de leur trouver des excuses plausibles pour s’en dispenser tout à fait.

Dans le cas où ces dames auraient oublié le nom du pestiféré en question, elles le reconnaîtront peut-être à l’indéchiffrable griffonnage dans lequel il leur présente ses respects, et sans doute au titre, qui lui est bien cher, du plus dévoué de leurs serviteurs.

V.-M. H.

Le pestiféré espère que tout le monde se porte bien.

Il envoie quelques livres pour monsieur Foucher et des morceaux de terre qui lui ont l’air d’appartenir au fourneau.

Si ces dames ont sous la main les livres que monsieur Foucher a lus, elles peuvent en charger la porteuse de ce billet.

Ce vendredi[1].


Monsieur Trébuchet, chef du secrétariat et des archives
de la Préfecture, Nantes.
30 octobre 1821.
Mon bon oncle,

Il y a bien longtemps que je me propose de vous écrire pour revendiquer notre Adolphe. Maintenant que cet insipide déménagement est à peu près terminé[2], je peux vous annoncer que notre quatrième frère logera, avec

  1. Bibliothèque Nationale.
  2. Victor Hugo allait quitter le n° 10 de la rue de Mézières pour habiter 30, rue du Dragon.