Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome I.djvu/362

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Pour moi, cher ami, mes affaires avancent, et j’espère bien que la première quinzaine d’octobre ne se passera pas sans m’apporter toute la félicité de ma vie. Réjouis-toi avec moi, Adolphe, tu me retrouveras bien heureux. Dis à mon cher oncle combien tout ce qu’il m’écrit de tendre et de touchant m’a pénétré ; dis à toute la famille combien je l’aime, combien il me tarde de la voir. Tu sais tout cela, toi, autrement que par lettres.

Adieu, mes frères t’embrassent comme moi ; ils attendent impatiemment ta lettre. Amuse-toi toujours beaucoup et pense parfois un peu à ton frère de Paris.

Victor.

P. S. — J’ai fait mettre dans les Lettres Champenoises du 21 août une nouvelle annonce d’Anne de Bretagne. Quand la 2e édition de cette excellente notice me sera parvenue, je la ferai annoncer dans les journaux. Mille tendresses chez toi. M. et Mme  Foucher et nos amis te disent une foule de choses affectueuses, porte-toi bien et amuse-toi bien. Adieu, adieu[1].


Au général Hugo.
Paris, 19 octobre 1822.
Mon cher papa,

C’est le plus reconnaissant des fils et le plus heureux des hommes qui t’écrit. Depuis le 12 de ce mois je jouis du bonheur le plus doux et le plus complet, et je n’y vois pas de terme dans l’avenir ; c’est à toi, bon et cher papa, que je dois rapporter l’expression de ces pures et légitimes joies, c’est toi qui m’as fait ma félicité ; reçois donc pour la troisième fois l’assurance de toute ma tendre et profonde gratitude.

Si je ne t’ai pas écrit dans les premiers jours de mon bienheureux mariage, c’est que j’avais le cœur trop plein pour trouver des paroles ; maintenant même tu m’excuseras, mon bon père, car je ne sais pas trop ce que j’écris. Je suis absorbé dans un sentiment profond d’amour, et pourvu que toute cette lettre en soit pleine, je ne doute pas que ton bon cœur ne soit content. Mon angélique Adèle se joint à moi ; si elle osait, elle t’écrirait, mais maintenant que nous ne formons plus qu’un, mon cœur est devenu le sien pour toi.

Permets-moi, en terminant cette trop courte lettre, mon cher et excel-

  1. Le Figaro, 26 mai 1886.