Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome I.djvu/503

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À Sainte-Beuve.


Ce 21 [juillet 1831].

J’ai les yeux si malades, cher ami, que j’y vois à peine pour vous écrire. Je reçois votre lettre en rentrant de la campagne où j’étais allé passer quelques jours dans l’espoir d’y trouver des distractions, qui m’ont fui là comme ailleurs. Je n’ai plus qu’une pensée triste, amère, inquiète, mais, je vous jure, pleine au fond de tendresse pour vous. Voici les vers que vous me demandez[1]. Faites-en tout ce que vous voudrez, comme vous le voudrez. Vous êtes mille fois trop bon de vous occuper encore de moi. J’en suis toujours bien fier, et plus profondément touché que jamais. Mais surtout aimez-moi et plaignez-moi.

Votre frère,
Victor[2].


À J. Hérold.


Paris, vendredi matin, 22 juillet [1831].

Je serais déjà allé, monsieur, vous chercher et vous remercier de votre bonne visite, si je n’étais absorbé par les répétitions d’une pièce qui me prend tout mon temps. Je ne sais si vous aurez envie de faire quelque chose des vers que j’ai eu l’honneur de vous envoyer, et je vous engage fort à n’en rien faire. Si pourtant vous vous décidiez à donner l’âme et la vie à une lettre-morte, voici deux vers que j’ai changés, et de la correction desquels je vous prierais de tenir compte, s’il en est encore temps :

  1. Ce siècle avait deux ans, vers publiés dans les Feuilles d’Automne. Sainte-Beuve demandait ces vers pour les insérer dans la biographie de Victor Hugo qui parut dans la Revue des Deux Mondes, 1er août 1831, et pour laquelle une partie de l’article de juillet (Biographie des Contemporains) fut utilisé.
  2. Archives Spoelberch de Lovenjoul.