Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome I.djvu/53

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tiers ne doit pas connaître des choses qui peuvent nuire aux miens. Je m’aperçois que je retombe dans les réflexions qui m’ont fait déchirer ma première lettre. Songe, mon Adèle, que tout cela n’est rien. Quand j’ai eu quelques instants l’indicible bonheur de te voir, qu’importe que le reste de mes journées soit sombre ; et quand je t’aurai enfin conquise, ma bien-aimée Adèle, que seront ces années d’épreuve qui me semblent maintenant si longues et si amères ?

Adieu, écris-moi et multiplie le plus possible, je t’en supplie, nos courtes entrevues, c’est absolument ma seule consolation, car je ne pense pas que tu me fasses l’injure de croire que les jouissances de l’amour-propre et les triomphes de l’orgueil soient quelque chose pour moi. Toi seule es toute ma joie, tout mon bonheur, toute ma vie. Je ne vaux rien que par toi et pour toi. Tu es pour moi tout ton sexe, parce que tu m’offres l’ensemble de tout ce qu’il y a de parfait.

Adieu, ma bien chère Adèle ; je t’embrasse bien tendrement et bien respectueusement.


Ton fidèle mari,
Victor.