Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome I.djvu/532

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toujours entière. Les ennemis qui essaient de me nuire ou de m’attrister sont au fond bien réellement impuissants. Il y a une chose qui m’est bien précieuse, c’est votre bonté pour moi, il y a une chose qui m’est bien sacrée, c’est mon dévouement pour vous. Vous êtes bien sûre, n’est-ce-pas, que rien ne peut rien contre ces deux choses-là ? Vous êtes comme une mère pour mes enfants, comme une sœur pour moi. Tout est là. Je vous baise les mains.

Victor H.

Rappelez-nous au souvenir de vos excellents et chers parents[1].


À Mademoiselle Louise Bertin.


Voici une lettre de Poupée qui a bien plutôt l’air de la lettre d’un chat que de celle d’une poupée. Vous l’excuserez quand vous saurez qu’elle l’a écrite de son lit, où elle est depuis quelques jours pour une fièvre de croissance. C’est cette petite maladie qui nous a empêchés, Poupée et moi, de vous donner plus tôt des nouvelles de la place Royale.

Je mets sous le même pli les quelques vers que vous m’avez demandés. J’espère qu’ils ne vous ont pas fait faute.

Je suis d’ailleurs toujours jusqu’au cou dans le travail, éperonné des deux côtés par Renduel et Harel, qui sont bien les deux plus ennuyeux hommes de négoce qu’il y ait. J’ai déclaré à Harel qu’il n’aurait pas ma pièce avant le 1er septembre, et malgré ses lamentations, incantations et gémissements, j’en suis resté là. Que saint Georges et saint Martin lui soient en aide !

C’est aujourd’hui dimanche, et belle et joyeuse journée aux Roches. Vous ne sauriez croire combien votre vie de campagne, de poésie et de musique paraît charmante et désirable à nous autres pauvres ouvriers du quartier Saint-Antoine, condamnés à tourner la roue qui verse l’argent dans la poche d’un libraire ou d’un imprésario, et non dans la nôtre. Vos arbres sont bien beaux, je vous jure, votre vallée est bien admirable, votre piano est bien poétique et bien harmonieux. Vous en êtes encore à la partie charmante de l’œuvre que nous accomplissons ensemble. Mais quand vous en serez au théâtre et à la coulisse, vous me direz ce que vous pensez

  1. Collection Louis Barthou.