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1848.


À Charles de Lacretelle[1].


Je lis votre livre avec bonheur[2], mon vénérable ami ; c’est avec joie que je sors de ma pensée pour entrer dans la vôtre. On respire dans tout ce grand ouvrage que vous nous donnez un parfum d’honnêteté, de vertu et de douceur. Cela mêlé à la hauteur des vues et à la dignité sereine des idées. Quelquefois je vous trouve un peu plus que sévère pour le grand empereur, je suis de ceux qui, toutes restrictions faites et acceptées, admirent pleinement et définitivement Napoléon, je le renvoie du jugement de l’histoire absous et couronné. Ce qu’on lui reproche est de l’homme ; le reste est de l’archange et du géant.

J’ai trouvé Lamartine (et je le lui ai dit) pas assez sévère pour Robespierre, et je vous trouve (parfois) trop sévère pour Bonaparte ; et puis je vous aime et je vous relis tous les deux.

Je vous serre la main. Ev imo.

Victor Hugo.
3 janvier [1848].

Mettez mes plus tendres respects aux pieds de votre chère et admirable femme[3].


À Lamartine[4].


Cher et illustre ami,

J’étais allé vous saluer sur la place publique pendant que vous veniez chez moi me serrer la main.

Ce serrement de main, je vous l’envoie.

Vous faites de grandes choses. L’abolition de la peine de mort, cette haute leçon donnée par une république née hier aux vieilles monarchies séculaires, est un fait sublime. Je bats des mains et j’applaudis du fond du cœur.

Vous avez le génie du poëte, le génie de l’écrivain, le génie de l’orateur, la sagesse et le courage. Vous êtes un grand homme.

Je vous admire et je vous aime[5].

Dimanche soir[6].
  1. Inédite.
  2. Histoire du Consulat et de l’Empire.
  3. Collection Louis Barthou.
  4. Après la Révolution de 1848.
  5. Au-dessus de ce brouillon, ces deux lignes : J’ai écrit à Lamartine qui était venu chez moi dimanche 27 février.
  6. Archives de la famille de Victor Hugo.