Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome II.djvu/108

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Garde mes lettres, tu as raison, car je t’y envoie tout mon cœur, mais ne te plains pas de la rareté. Si tu savais comme je travaille ! Je croyais ne faire qu’un volume, il se trouve que j’en ferai deux. Mais le plus long et le plus difficile et le plus laborieux, c’est l’instruction du procès, c’est le travail des renseignements à réunir. Hier Baze[1] est venu. Il m’a dit des choses fort curieuses, je l’ai invité à dîner. Il est triste, mais courageux.

Je m’interromps. Charles m’apporte son article fini pour me le lire.

5 h. 1/4.

Je reprends cette lettre. Charles a commencé sa lecture. Tout ce qu’il m’a lu est excellent et lui fera, je crois, un succès dans le Siècle. Mais Magen vient d’entrer. B... part dans dix minutes. Nul moyen d’achever même la lecture de l’article. Tu ne l’auras donc que demain, par une autre occasion. Je t’envoie en attendant cette lettre que je termine à la hâte.

Connais-tu la lettre de Changarnier[2] ?

Charles te prie de lui faire envoyer ses effets par le docteur Hodé, médecin, rue de l’Échiquier, 24. S’adresser à lui de la part de M. Magen. M. Magen vient de publier un livre sur le 2 décembre que je te ferai parvenir[3].

Je ferme cette lettre à la hâte, et Charles et moi nous vous envoyons à toi, chère maman, à ma Dédé et à mon Toto nos plus tendres embrassements. Demain soir dimanche tu auras l’article de Charles[4].


À Madame Victor Hugo.


Bruxelles, 17 mai, 9 heures du soir.

Chère amie, ta lettre m’arrive. Quoique je ne me fasse aucun reproche, car mes heures se passent dans un travail acharné, j’ai du remords de penser que tu as été quinze jours sans lettres, et que tu es triste. Pourtant j’ai écrit

  1. Baze, représentant du peuple depuis 1848, opposa une résistance acharnée lors de son arrestation en décembre 1851 ; il était alors questeur et fut exilé. Il rentra en France en 1859 et reprit sa profession d’avocat. Élu en 1871 par le Lot-et-Garonne, il fut de nouveau nommé questeur.
  2. Article collé contenant la lettre du général Changarnier rappelant ses états de service et refusant le serment.
  3. Les Mystères du 2 décembre.
  4. Bibliothèque Nationale.