Seriez-vous assez bon pour remettre vous-même ce mot à Mme Clarisse Miroir ? lisez-le, ensuite cachetez de noir.
Dites à M. Mario Proth[1] que nous ne recevons point du tout la Revue internationale. Je regrette de n’avoir point lu l’article qui me concerne, j’eusse écrit à l’auteur pour le remercier[2].
Vous l’ai-je déjà dit ? oui probablement. Vos lettres dans l’exil sont pour moi ce qu’était votre apparition dans la prison : — de la joie. — Il y a en vous tout ce que j’aime : la pensée haute, le ferme esprit, le brave cœur. Nous contestions sur Dieu autrefois ; je suis sûr que nous serions d’accord aujourd’hui. Il faut détruire toutes les religions afin de reconstruire Dieu. J’entends : le reconstruire dans l’homme. Dieu, c’est la vérité, c’est la justice, c’est la bonté ; c’est le droit et c’est l’amour ; c’est pour lui que je souffre et c’est pour lui que vous luttez. Je le remercie à toutes les heures de ma vie, aujourd’hui surtout qu’il me fait cet immense honneur de m’éprouver. L’adversité, quelle élection !
Nous vous aimons ici ; nous parlons bien souvent de vous ; mes fils vous regrettent, et je vous désire. Aussi quand vous m’écrivez, il me semble que vous me serrez la main.
Merci — et à vous toujours.
Mes hommages à votre charmante et gracieuse femme[4].
Chère amie, soirée admirable, succès immense, toute la ville en rumeur et en fête[5], je vous regrette profondément toutes les deux, je n’ai pas de
- ↑ Mario Proth, alors jeune journaliste, fit, après la chute de l’empire, partie du gouvernement de la Défense nationale en 1870.
- ↑ Bibliothèque Nationale.
- ↑ Inédite.
- ↑ Communiquée par la fille de Nefftzer.
- ↑ Les Jersiais avaient ouvert une souscription pour venir en aide aux Siciliens révoltés. Une adresse signée par cinq cents notables habitants de Jersey avait été envoyée à Victor Hugo pour le prier de revenir à Jersey pour prendre la parole en faveur de Garibaldi et de son entreprise.