Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome II.djvu/344

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Seriez-vous assez bon pour remettre vous-même ce mot à Mme  Clarisse Miroir ? lisez-le, ensuite cachetez de noir.

Dites à M. Mario Proth[1] que nous ne recevons point du tout la Revue internationale. Je regrette de n’avoir point lu l’article qui me concerne, j’eusse écrit à l’auteur pour le remercier[2].


À Nefftzer[3].


12 juin Hauteville-House [1860].

Vous l’ai-je déjà dit ? oui probablement. Vos lettres dans l’exil sont pour moi ce qu’était votre apparition dans la prison : — de la joie. — Il y a en vous tout ce que j’aime : la pensée haute, le ferme esprit, le brave cœur. Nous contestions sur Dieu autrefois ; je suis sûr que nous serions d’accord aujourd’hui. Il faut détruire toutes les religions afin de reconstruire Dieu. J’entends : le reconstruire dans l’homme. Dieu, c’est la vérité, c’est la justice, c’est la bonté ; c’est le droit et c’est l’amour ; c’est pour lui que je souffre et c’est pour lui que vous luttez. Je le remercie à toutes les heures de ma vie, aujourd’hui surtout qu’il me fait cet immense honneur de m’éprouver. L’adversité, quelle élection !

Nous vous aimons ici ; nous parlons bien souvent de vous ; mes fils vous regrettent, et je vous désire. Aussi quand vous m’écrivez, il me semble que vous me serrez la main.

Merci — et à vous toujours.

Victor Hugo.

Mes hommages à votre charmante et gracieuse femme[4].


À Madame Victor Hugo.


[Jersey] 14 juin [1860], 1 heure du matin.

Chère amie, soirée admirable, succès immense, toute la ville en rumeur et en fête[5], je vous regrette profondément toutes les deux, je n’ai pas de

  1. Mario Proth, alors jeune journaliste, fit, après la chute de l’empire, partie du gouvernement de la Défense nationale en 1870.
  2. Bibliothèque Nationale.
  3. Inédite.
  4. Communiquée par la fille de Nefftzer.
  5. Les Jersiais avaient ouvert une souscription pour venir en aide aux Siciliens révoltés. Une adresse signée par cinq cents notables habitants de Jersey avait été envoyée à Victor Hugo pour le prier de revenir à Jersey pour prendre la parole en faveur de Garibaldi et de son entreprise.