Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome II.djvu/361

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de vous recevoir dans ma masure ! Ce serait pour tous les proscrits une fête, et vous réjouiriez l’exil comme vous consolez la patrie.

Mettez aux pieds de votre fille la signature qu’elle veut bien désirer. J’ai cherché longtemps, pour l’écrire au bas de ce portrait, une phrase qui dît tout ce dont mademoiselle Crémieux peut être bien fière, et j’ai fini par la trouver. La voici :

À la fille de Crémieux.

Je vous serre la main, mon noble et généreux ami.


À Paul Meurice[1].


14 juin [1861].
Du fond de mon antre.

Si je pense aux Ardennes, je le crois bien ! ce mot dans votre lettre m’ouvre une perspective charmante. Vous viendriez, n’est-ce pas ? Écoutez, soyons bien gentils, je vais finir mon livre, faites votre drame, et dans un mois nous nous envolerons ensemble dans la montagne. Est-ce dit ? Vous aurez assuré votre victoire de l’hiver, vous pouvez venir un peu triompher dans le soleil et dans la nature côte à côte avec moi, chacun notre œuvre en poche[2]. — Les poissons étaient déjà achetés quand votre mot m’est arrivé. Ils ont coûté 115 francs. Je les crois d’un plus grand modèle que les vôtres. Ils sont les plus grands possible, et très énormes.

À bientôt. Comme je vais songer aux Ardennes ! Si vous venez, quelle fête ce sera ! Vous savez que je vis en ce moment caché dans un trou pour finir en paix les Misérables. Écrivez-moi toujours rue du Nord, 64, à Bruxelles. C’est l’adresse sûre.

Je vous embrasse tendrement.

Mme Drouet me charge de vous dire combien votre gracieux souvenir la touche.

Ne vous étonnez pas de l’écriture de l’adresse, je la fais mettre par la maîtresse de l’hôtel pour que la lettre ait moins de chances d’être décachetée[3].

  1. Inédite.
  2. Le voyage aux Ardennes n’eut lieu qu’en 1862.
  3. Bibliothèque Nationale.