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et Les Misérables ont été pour vous l’occasion d’une étude profonde et haute[1].

Je vous remercie. J’ai déjà plus d’une fois constaté avec bonheur les affinités de votre poésie avec la mienne ; tous nous gravitons autour de ce grand soleil, l’Idéal.

J’espère que vous continuerez ce beau travail sur ce livre et sur toutes les questions que j’ai tâché de résoudre ou tout au moins de poser. C’est l’honneur des poëtes de servir aux hommes de la lumière et de la vie dans la coupe sacrée de l’art. Vous le faites et je l’essaie. Nous nous dévouons, vous et moi, au progrès par la Vérité.

Je vous serre la main.

Victor Hugo[2].


À Jules Claretie[3],
Aux bureaux du Diogène. 12, passage Saulnier.


Hauteville-House, 2 mai [1862].
Monsieur,

Je vous ai écrit le 20 avril. On m’assure que ma lettre ne vous est point parvenue. C’est tout simple. Une lettre interceptée ne m’étonne pas, ni vous non plus. Pourtant je vous récris. J’aime mieux vous remercier deux fois qu’une ; j’aime mieux vous féliciter dix fois qu’une. Vous avez un beau et charmant talent. L’aube d’un esprit est pour moi une chose exquise, et j’aime à sourire à cette lumière là.

Votre article sur Les Misérables est une de ces pages fines, sympathiques et profondes qui ne s’oublient pas.

Recevez deux fois mon serrement de main.

Victor Hugo.

Je fais cette lettre toute petite pour qu’elle vous parvienne[4].

  1. Article paru dans Le boulevard, 20 avril 1862.
  2. L’Art romantique. (Notes et éclaircissements de Jacques Crépet.)
    Le commentateur de cette lettre, M. Jacques Crépet, ajoute :
    Quelques mois plus tard, Baudelaire écrivait à sa mère :
    « Ce livre est immonde et inepte : J’ai montré, à ce sujet, que je possédais l’art de mentir. Il [Hugo] m’a écrit, pour me remercier, une lettre absolument ridicule. Cela prouve qu’un grand homme peut être un sot.
    11 août 1862. »
  3. Inédite.
  4. Collection Jules Claretie.