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et songer. C’est pour cela que j’ai écrit ce livre. Le Dernier jour d’un condamné, les paroles d’Eusèbe Salverte en font foi, n’a point été étranger à l’introduction des circonstances atténuantes dans la loi pénale ; peut-être quelque progrès nouveau sera-t-il provoqué par Les Misérables. S’il m’était permis d’ambitionner une récompense, celle-là me comblerait.

En attendant, monsieur, j’en ai une, et fort grande, et fort douce : c’est la satisfaction de lire vos articles si élevés et si charmants, où la grâce d’un noble esprit se mêle à la générosité du cœur. On sent que votre pensée est en perpétuelle communion avec l’idéal, et que vous combinez dans votre intelligence les deux forces morales, l’aspiration civique vers le juste et l’aspiration philosophique vers le vrai.

Je vous remercie et je vous serre la main.

Victor Hugo.

Un mot encore sur un détail : dans ma solitude, je n’ai plus de livres, et ma mémoire est toute ma bibliothèque. Mais, ou je suis bien trompé, ou, en feuilletant le travail d’Auguste Leprévost sur Saint-Georges de Bocherville, vous y trouverez Tryphon, et les crapauds de sa tombe. Cette tombe, si mon souvenir est exact, était située près du lavabo surmonté d’une tête de moine à oreilles d’âne, ces oreilles-là me reviennent de droit si j’ai cité de travers. Jugez, vous, car vous êtes le juge. Nul ne sait ces choses comme vous[1].


À Auguste Vacquerie[2].


H.-H., 31 mai [1862].

Cher Auguste, je reçois l’article d’Hipp. Lucas[3]. Je vous remercie de me l’avoir envoyé. Je remercierai Hipp. L. sans chaleur, pour être à son diapason. À vous je dis toute ma pensée : l’article d’Hipp. L. serait excellent dans Le Constitutionnel ou La Patrie, ou L’Union. Dans Le Siècle…, l’inconvénient de ce genre d’articles, qu’on sait venir d’un ami dont la famille vient chez moi, c’est d’encourager beaucoup les ennemis et de refroidir les amis

  1. Bibliothèque de Rouen.
  2. Inédite.
  3. Cet article, paru dans Le Siècle du 29 mai 1862, est plutôt malveillant, bien que contenant des éloges émaillés de restrictions. Le critique attend, pour se prononcer, la suite des Misérables, dont il ne connaît que les deux premiers volumes.