Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome II.djvu/446

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Vous trouverez sous ce pli une lettre absolument inintelligible pour moi. Voudriez-vous prendre la peine de faire savoir au signataire de cette lettre que je n’ai su que par lui la nouvelle de cette réimpression des Châtiments commencée à Bruxelles. Aucune demande d’autorisation, aucune proposition d’affaire ne m’a été faite, et je ne comprends rien à ce petit mystère.

Je suis absorbé par le travail, et je vous écris en hâte pour que cette lettre parte par le packet attendu. Offrez mes hommages à madame Lacroix et croyez à mes plus affectueux sentiments.

V. H.[1]


À Émile de Girardin.


Hauteville-House, 2 avril 1863.

Les bruits de vous autres vivants m’arrivent tard dans ma solitude, mais finissent par m’arriver.

J’apprends que, dans un banquet de la Presse, vous avez, courageusement, évoqué les absents, et qu’en un toast de la plus noble éloquence, vous avez associé mon souvenir au souvenir de la liberté.

La liberté ne rentrera pas sous ce régime ; il la craint, et il a raison : la liberté a bonne mémoire et aucune cohabitation n’est possible entre elle et ce gouvernement né d’un crime brusque, le coup d’état, et maintenu par un crime continu, le despotisme. Je n’ai donc pas vos espérances, et d’un autre côté il est probable que mes espérances vous sembleraient illusions ; mais nous communions, vous et moi, dans le dévouement au progrès et à cette liberté irréductible, la vaincue d’aujourd’hui, la victorieuse de demain.

Cher grand penseur, je vous remercie et je vous serre la main.

{d|Victor Hugo.|3}}

Voulez-vous me permettre de contresigner ici tout ce qu’Auguste Vacquerie vous a dit ou vous dira d’un courageux et brillant écrivain de la jeune génération, M. Mario Proth. Il est digne de figurer comme collaborateur dans ces colonnes qu’illustre et illumine votre puissant esprit[2].

  1. Correspondance relative aux Misérables. — Bibliothèque Nationale.
  2. Brouillon. Archives de la famille de Victor Hugo.