Mon Victor, voici ce que j’ai envoyé à Émilie Castelar[2]. C’est parti lundi matin, mais cela n’arrivera pas avant vendredi. Ci-inclus trois exemplaires, dont un pour Rochefort. Use des autres pour la propagande et fais de ton mieux. Crois-tu que l’Étoile belge insérerait ?
Tu as reçu, je pense, ma lettre chargée contenant 50 fr. pour la Lanterne.
Je te serre dans mes vieux bras paternels[3].
À en juger par la table des matières, votre travail, monsieur, est complet, et sera de la plus haute utilité. Je sens en vous un noble et bon cœur. Vous avez sauvé une tête par votre parole. Vous en sauverez beaucoup d’autres par votre livre. Ne me le dédiez pas ; dédiez-le à Jésus-Christ, d’où vient toute douceur. L’homme, hélas ! n’a pas encore compris le crucifix ; le crucifix abolit l’échafaud.
Je n’ai pas le temps d’écrire une préface ; car, pour moi, les devoirs se multiplient et les années s’abrègent. Si vous jugez à propos de publier cette lettre avec votre livre, elle est à vous, faites.
Croyez à ma plus cordiale sympathie.
H. H., dimanche.
Votre cœur ne peut pas être frappé sans que le mien saigne. Cher Auguste, votre vénérable mère était pour moi comme une sœur de destinée et de deuil. Je la pleure. Que d’âmes douces et tendres au-dessus de nous, dans ce bleu sombre de la mort !