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À Auguste Vacquerie[1].


H.-H., dim. 16 mai.

Cher Auguste, oui, vous êtes un merveilleux travailleur. À lire vos articles, si robustes, si puissants, personne ne se douterait de vos fatigues et de vos insomnies. Quelle polémique que la vôtre, et quelle critique ! On y sent partout le poëte. C’est-à-dire le mens. Toutes les étincelles de l’ironie se mêlent aux profondes étoiles de la pensée et de l’idéal. (Il m’a manqué le n° 3 du Rappel qui doit être daté 6 mai, je le réclame à grands cris, il me semble qu’il doit contenir un article de vous.) Le Rappel nous charme. Il nous apporte des bouffées de vie. C’est maintenant le journal parisien. On le sent. Le succès pénètre jusqu’ici. Le Rappel fait partie de l’air que Paris respire. Avant peu, il sera une nécessité parisienne. Il l’est déjà. Votre campagne électorale est excellente. (Sauf les vieux, Jules Favre, Carnot, Garnier-Pagès, etc., un peu trop lâchés, et ne trouvez-vous pas que Pelletan n’a pas été soutenu ? Je vous soumets tout cela. J’espère que le Rappel n’aura pas soutenu M. Assolant candidat, et je suis convaincu qu’il ne citera plus les proses de M. Pontmartin. Vous voyez avec quelle attention tendre je le lis.) Meurice a supérieurement étrillé le Sarcey ; c’est le magister fouaillé par le maître. J’ai été charmé de l’article fier et ferme de Victor. Mais les élections finies, je crois qu’il faudra revenir à toutes les prudences. Comme on doit vous guetter ! Il faut que je vous remercie encore. Vos articles sont de la force et de la joie. Je les bois comme un cordial. Et je suis à vous de tout mon cœur.

V.

J’ai la fièvre de l’élection de Rochefort. Il me la faut. Il faut que ce vaillant, charmant et généreux homme réussisse[2] !


À Alfred Sirven.


Hauteville-House, 21 mai 1869.
Mon vaillant confrère,

Je vous suis dans votre œuvre très puissamment commencée[3]. Voici, pour ce qui me concerne, les documents désirés. Avez-vous lu mes discours d’exil ? Si non, je vous les ferai parvenir. Oui, vous avez raison, guerre au passé, aux

  1. Inédite.
  2. Bibliothèque Nationale.
  3. Il s’agissait d’une publication : Les Orateurs de la Liberté, qui devait comporter une notice biographique. Les Orateurs de la Liberté n’eurent que quelques numéros, et celui intitulé : Victor Hugo, ne parut pas.