Si elle vous parvient, recevez-la cordialement, Madame, et trouvez bon qu’à travers la distance je vous baise respectueusement la main[1].
Que vous dire à vous, être bon et charmant ! Vous m’aimez et je vous le rends. Cette déclaration faite, je vous demande un gracieux service. M. X. Feyrnet du Temps, est, je crois, votre ami[2]. Faites-moi le plaisir de lui porter de ma part ceci, ma carte-portrait. Dites-lui que, dans un journal qui, je ne sais pourquoi, m’est hostile (Nefftzer peut-être excepté), je sens le prix de sa vaillante sympathie, si noblement et si spirituellement affirmée. Son ironie charmante aux juges terribles[3] a eu un grand succès parmi nos proscrits républicains de l’archipel qui me chargent de lui envoyer leurs chaudes adhésions et félicitations. Ce pauvre Temps leur semble réactionnaire, M. Feyrnet le sauve à leurs yeux. Dites-lui cela, dites-lui surtout que je le remercie du fond du cœur, et partagez avec lui, vous, cher et vaillant ami, mon meilleur serrement de main.
Les deux caisses sont enfin arrivées hier samedi. Merci, mon Victor, merci pour toi, merci pour Rochefort. Remets-lui ce mot. Bonaparte s’amuse à le grandir, on ne peut que féliciter ce cher paladin de l’esprit, embrasse-le pour moi. Tes quatre tableaux feront merveilleusement dans Hauteville, et seront les joyaux de la masure. Le panneau que me donne Rochefort est beau et précieux. Malheureusement, il a été mal emballé, s’est désencadré et décollé ; de là quelques petites avaries, du reste très réparables. Voici le Rappel de nouveau en marche, et fièrement. Tu y as admirablement dénoncé le vrai complot. Il faut maintenant faire marcher de front la campagne politique et la campagne littéraire. Charles est-il à Bruxelles ? Je crois bien que