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suis avec vous et que ma vieillesse fraternise avec votre jeunesse. Je porte le drapeau, et les coups sont pour moi ; mais la gloire est pour vous.

Je vous serre la main, et je vous envoie mon applaudissement le plus ému et le plus cordial, cher poëte.

Victor Hugo[1].


À Mademoiselle Louise Bertin.


18 septembre 1871.
Altwies, près Mondorf. Luxembourg.

Chère Mademoiselle Louise, voulez-vous être assez bonne pour remettre ce mot à Madame Édouard Bertin. Je baise votre main en silence. Vous savez comme j’aimais Édouard, grand talent comme vous, grand cœur comme vous. Sa peinture était sœur de votre musique.

Croyons à la vie supérieure et espérons.

Tendre et profond respect.

V. H.[2]


À Madame Édouard Bertin.


18 septembre 1871. Altwies, près Mondorf.

Que vous dire, Madame ? Vous perdez un mari, je perds un ami, ma douleur n’a pas la force de consoler la vôtre. Édouard était le vieux et bon camarade de mon esprit. La vie avait fini par séparer nos destinées, non nos cœurs. Je crois à une vie ultérieure et supérieure, nous nous reverrons. Ce grand talent sur la terre est à cette heure un grand esprit dans le ciel.

Je suis triste ; il n’y a pas d’autres douleurs que celles-là, perdre ce qu’on aime.

En perdant Édouard, il me semble que je perds quelque chose de moi-même : je songe aux causeries intimes et douces de notre jeunesse ; quel charmant passé évanoui !

Mon fils Victor est absent en ce moment, dès son retour il s’empressera de vous écrire. Édouard a été pour lui presque un père, et vous, Madame, vous avez été pour lui plus qu’un ange.

Je mets à vos pieds mon tendre et profond respect.

Victor Hugo.[3]
  1. Communiquée par M. Léon île Saint-Valery.
  2. Lettres aux Bertin.
  3. Lettres aux Bertin.