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ceux qui pensent, avec Arago, qu’en dehors des sciences exactes, on ne peut rien affirmer ni rien nier. Cette réserve respectueuse devant le possible est la loi de ma conscience. Je laisse ouverte la porte de ma pensée, et tout rayon y peut entrer ; mais mon œuvre, que je tâche de faire utile, demeure personnelle, par obéissance même pour l’inconnu qui donne à chacun de nous une fonction sur la terre ; et je sens que j’accomplis le vrai devoir humain en maintenant absolument la liberté solitaire de mon esprit.

Je vous remercie de votre honorable dédicace, et je vous offre ma plus cordiale sympathie.

Victor Hugo.[1]


À Auguste Vacquerie[2].


Vendredi soir 10bre.

Que vous seriez gentil, cher Auguste, de venir dîner avec nous, en étroite intimité, après-demain dimanche, à 7 h. 55, rue Pigalle ! Mettez ma requête aux pieds de mesdames Lefèvre. Nous les espérons avec vous. Nous vous demanderons de venir ainsi une fois toutes les semaines, avec Ernest Lefèvre quand il sera là. Vous ne nous refuserez pas. C’est si bon de s’aimer de près !

Votre vieux compagnon d’exil.

V.[3]


À Jules Janin.


10 novembre 1871.

Mon éminent confrère, je n’étais pas hier à l’Institut, j’y étais pourtant ; ma présence publique vous était inutile ; mais vous savez bien que mon cœur et mon esprit étaient là où l’on vous applaudissait. Je suis fier d’être nommé dans votre noble et beau discours. Vous appartenez à la grande académie historique, composée des seuls noms qui surnagent, très diverse, une pourtant ; vous êtes dans cette légion d’esprits une lumière. Il y a en vous quelque chose d’Horace et quelque chose de Diderot ; on vous écoute comme le premier et l’on vous aime comme le second. Je suis à vous de tout mon cœur.

Victor Hugo[4].
  1. Lettre publiée en tête des Études sur la Spiritualité.
  2. Inédite.
  3. Bibliothèque Nationale.
  4. Clément Janin. — Victor Hugo en exil.