Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome III.djvu/331

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d’absence, que je n’oserais vous y offrir un méchant coin. Mais n’espérez pas m’échapper, il y a, en face de Hauteville-House, un petit Family-Hotel créé exprès pour moi. Vous y habiteriez des chambres fort propres, à 1 fr. 50 par jour, et vous n’auriez que la rue à enjamber pour venir, matin et soir, prendre place à notre table de famille dont vous êtes. Le mois de septembre est très beau à Guernesey. Venez tous les trois, vous, votre belle convalescente et votre chère enfant, passer avec nous ce mois, qui est superbe et que vous ferez charmant.

On se lève et on se couche de bonne heure, les incorrigibles travaillent, les sages s’amusent, on mange du bon raisin et d’excellent poisson ; on s’aime de tout cœur, on vit tranquilles, et je vous dis : Venez, et je vous serre les mains, et je me mets aux pieds de votre noble et ravissante femme.

Sincer
Victor Hugo[1].


À Édouard Lockroy[2].


H.-H., 1er 7bre.

J’ai fait tout de suite, mon éloquent et cher confrère, ce que vous vouliez. J’ai écrit à Langlois[3], ce qui était, je crois, le meilleur parti à prendre. Il montrera ma lettre, qui est, je le pense, écrite de façon à rendre l’exécution de cette pauvre femme impossible[4]. J’écrirais bien une chose publique, mais cela n’aurait-il pas plus d’inconvénient que d’avantage ? Je vous en fais juge.

Je travaille beaucoup ici, et je voudrais bien vous y voir. Venez donc. Victor arrive après-demain mardi. Quelle joie si vous y veniez ! Vous écrivez de bien belles pages dans le Rappel. Venez ! Je salue votre noble esprit.

V. H.[5]
  1. Bibliothèque Nationale.
  2. Inédite.
  3. Langlois était, en 1872, chef d’état-major de l’amiral Saisset. Il avait été, en 1870, chef du 116e bataillon de la garde nationale.
  4. Lockroy avait écrit à Victor Hugo pour le prier d’intervenir en faveur de l’ex-cantinière de son bataillon. Cette femme, accusée d’avoir participé à la Commune, était condamnée à mort. Le carnet de Victor Hugo mentionne, le 20 septembre, que la peine a été commuée en travaux forcés.
  5. Bibliothèque Nationale.