Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome III.djvu/343

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lui demander son avis[1]. On pourrait remplacer les vers trop furieux par des lignes de points. Maintenant, comme pour la pièce à Théophile Gautier vous décideriez quelle est la meilleure façon de publier, et s’il faut donner la primeur au livre ou aux journaux.

Serez-vous assez bon pour dire qu’on m’envoie une épreuve. Dans la pièce à Gautier après l’Hippogrife a relayé Pégase, il faut (c’est oublié dans la copie) une étoile*. Comme dans celle-ci après moi qui suis vieux. Ces étoiles marquent la division importante de la pièce.

Dites-moi aussi si vous êtes d’avis de maintenir le texte de la page 3. Cette note a pour but d’expliquer Ma Lorraine. Que vous dirai-je encore ? que je vous aime.

V.[2]


À Robelin.


Hauteville-House, 10 novembre.

Mon cher, mon vieux, mon excellent ami, vos embarras ne sont rien près des miens[3].

J’ai vendu ma rente italienne et j’ai engagé mes autres titres. Cependant voici : je puis disposer en ce moment d’une somme de 1 434 francs (traite sur Hetzel, échéance le 5 janvier), je vous l’offre. Si elle peut vous aider dans vos paiements, écrivez-moi un mot, j’endosserai la traite et je vous l’enverrai courrier par courrier. Vous m’enverrez en échange une traite de somme égale, sans intérêts bien entendu, à l’échéance que vous voudrez. Ces 1 434 francs seront bien peu de chose, mais c’est tout ce que je puis en ce moment. Prenez, si cela peut vous servir.

À vous du fond de mon vieux cœur.

Victor Hugo.

À vous je dis tout. Depuis deux ans, il m’est sorti des mains plus de trois cent mille francs. Rien qu’en dons. (Canons pour la défense de Paris, ambulances, blessés, pontons, prisonniers, familles de condamnés, veuves et orphelins, Alsace et Lorraine, libération du territoire, etc.). J’ai donné plus de 35 000 et cela continue.

  1. Il s’agit de la plaquette tirée en 1872.
  2. Toute la Lyre, tome II. Historique. Édition de l’Imprimerie Nationale.
  3. Robelin, sur le point de voir sa maison vendue et mise à prix à 75 000 francs, demanda à Victor Hugo de lui prêter des actions ou des obligations qu’il déposerait en garantie à la Banque de France ; il s’engageait à retirer ces valeurs et à les rendre à Victor Hugo à mesure que ses locataires le payeraient. Il lui fallait de six à huit mille francs de valeurs ; mais Victor Hugo n’en avait plus.