Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome III.djvu/352

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vaut un an de travail à Paris. C’est pourquoi je me condamne à l’exil. Et je songe à vous, et à mon Victor qui se rétablirait, je crois, mieux ici, et à mes chers petits, ces rayons de mon âme. — Aimez-moi toujours un peu, cher ami, cher frère, cher maître ; quel beau Rappel vous nous faites !

Mme Drouet embrasse mesdames Lefèvre.

Mettez à leurs pieds mes tendres respects[1].


À Alice. À François-Victor.


H.-H., 8 janvier.

Chère Alice, votre douce lettre me va au cœur. Oui, hélas, la vie est courte, surtout pour moi, qui ai derrière moi tant d’années et devant moi si peu de jours. Six mois d’été à Guernesey, six mois d’hiver à Paris, on ne se quitterait pas, on serait heureux, mon travail l’été me permettrait mon bonheur l’hiver ; ce sera, chère Alice, quand vous voudrez.

J’apprends, mon Victor, que tu vas de mieux en mieux. Je t’envoie six lignes sur ton dernier article coupées dans une lettre de M. Louis Koch à sa tante. Je contresigne tout ce qu’il dit. C’est une belle page que tu as écrite là. Porte-toi bien, mon enfant bien-aimé. Je vous embrasse, Alice, toi et les deux petits, et je vous aime profondément.

Mme Drouet et Julie vous envoient leurs plus tendres affections[2].


À Mounet-Sully[3].


Hauteville-House, 10 janvier 1873.
Mon cher Mounet-Sully,

Vous êtes un noble artisan. Je vous considère comme un de mes plus précieux auxiliaires. Le succès est dû au talent, vous avez l’un et l’autre. Courage donc ! Mon travail me cloue dans la solitude où je suis : je ne puis aller en ce moment à Paris[4] ; il importe que Marion de Lorme soit

  1. Bibliothèque Nationale.
  2. Maison de Victor Hugo.
  3. Inédite.
  4. Mounet-Sully avait écrit le 1er janvier à Victor Hugo : ... « Ne viendrez-vous pas assister au moins à quelques répétitions de votre œuvre avant qu’elle paraisse devant le public ? Si vous le pouviez, je me sentirais, sinon rassuré, du moins plus fort, et plus prêt à cette périlleuse lutte ».