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À Paul Meurice.


H.-H., 9 avril.

Conformément à vos indications, cher ami, je tire sur vous 10 000 fr. par l’intermédiaire des banquiers Heath and Co., de Londres. Je leur écris que le bon pourra vous être présenté à partir du 12 avril.

Vous savez tout arranger admirablement. Le Théâtre-Français prêtant Coquelin pour Le Koi s’amuse et la Porte-Saint-Martin prêtant Dumaine pour Les Burgraves, cela résoudrait la difficulté. Il serait bon que ce fût la conclusion. Chose excellente aussi, Frédérick Lemaître dans Saltabadil. Je crois, sauf votre avis, qui est toujours ma loi, que sur ces bases, on pourrait terminer avec MM. Ritt et Larochelle[1]. — Autre point d’interrogation (?) M. Van Heddighem ? Qu’est-ce que c’est que son procès ? Le savez-vous ? J’ai remarqué le silence du Peuple Souverain et du Rappel sur cette affaire. M. Van Heddighem m’est favorablement connu, mais un peu superficiellement. Il m’écrit pour me prier de lui écrire une lettre qui soit pour lui une caution morale. Le Corsaire paraît l’avoir désigné comme homme de police. Je ne crois pas cela possible. Pourtant, je ne sais rien du procès. Pouvez-vous me renseigner ? J’attendrai votre réponse avant de répondre à M. Van Heddighem.

Votre Pucelle entrant dans Orléans est une merveille. Quel succès vous avez ! J’en juge par Mariette qui est une bonne fille du peuple et qui adore votre livre comme si elle était un poëte. Le peuple vous applaudit. Mystérieuse affinité des grandes âmes et des grandes foules.

Cher Meurice, que je voudrais donc vous avoir ici, ne fût-ce que huit jours ! Victor y viendra bientôt, j’espère, se refaire et achever sa convalescence dans nos fleurs. Tâchez donc de venir avec lui. Ces dames vous prient à mains jointes. Ad te clamo !

J’espère finir d’ici à deux mois ce que je fais. Je tâche de n’être pas trop au-dessous de ce que je lis. Ce que je lis, c’est vous.

V.

Remercîment pour les Lanvin à vous, et à nos chers amis du Rappel. Madame Drouet vous embrasse[2].

  1. Ritt et Larochelle, directeurs du théâtre de la Porte-Saint-Martin, avaient demandé à Victor Hugo l’autorisation d’inaugurer leur direction par la reprise du Roi s’amuse.
  2. Correspondance entre Victor Hugo et Paul Meurice.