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À Madame Victor Hugo[1].


H.-H., 22 nov.

La nouvelle servante à l’essai fonctionne depuis deux jours. Elle paraît zélée. Julie la dresse. Je recommande qu’elle soit un peu élégante et pas bigote. Tu vois que je vais au-devant de tes souhaits. Je voudrais que tous, vous reprissiez en gré ce pauvre Hauteville-house, si désert sans vous. Mon cœur se remplit d’ombre quand j’entre dans vos chambres vides. Pourtant avant tout, je veux que vous soyez heureux. Je veux qu’aucun cœur ne souffre, excepté le mien. Aimez-moi tous, mes bien-aimés, car je suis à vous et en vous. Vous êtes ma vie, lointaine et pourtant adhérente à mon âme. Chère femme bien-aimée, tes lettres sont bien douces. La tendresse y est à l’état de parfum. Je respire une lettre de toi comme la fleur de notre radieux printemps. Oh oui, il faut nous réunir tous. Je vous serre dans mes bras.

Je te remercie de tes préoccupations pour l’économie, et des soins que tu donnes à la maison[2].


À Jules Claretie.


H-H., 23 9bre.

Cher et vaillant confrère, le souffle qui est dans votre beau livre, le cri de la liberté indignée, vous le retrouverez dans ces vers. Je vous envoie la Voix de Guernesey[3] en échange et en remerciement des Derniers Montagnards. Je salue en vous un noble esprit révolutionnaire. Vous avez l’éclat du talent et la dignité de l’âme. Personne ne vous dépasse dans la jeune génération dont vous êtes. Vous unissez à l’enthousiasme la maturité, deux puissants dons. Vos Montagnards comblent une lacune dans l’histoire. Le sujet est merveilleusement choisi et traité supérieurement. Je vous envoie avec bonheur mon plus cordial shake-hand.

Victor Hugo[4].
  1. Inédite.
  2. Bibliothèque Nationale.
  3. Publiée en 1867.
  4. Collection Jules Claretie.