Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome IV.djvu/141

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cependant le besoin de vous dire que le sentiment que vous avez exprimé avec tant d’éclat, je l’avais au fond du cœur. Vienne la guerre et une guerre nationale, et je tâcherai de montrer pour ma faible part ce que c’est qu’un poëte[1]. Quand la France en sera aux coups de fusil, il y a en moi un vieil enfant de troupe qui se retrouvera. J’ai une femme et quatre enfants, raison de plus.

En attendant, j’ai voulu, Monsieur, vous remercier de votre grande poésie, vous remercier d’avoir bien auguré de vos frères, et vous dire que dans ma retraite et dans mon oubli, je conserve un vif souvenir de votre nom, de votre personne et de votre talent.

Votre bien cordialement dévoué serviteur.

Vor Hugo.


1831


À Charles Gosselin[2].


[12 janvier 1831.]
Monsieur,

Un bon procédé en appelle un autre[3]. Non seulement je suis en mesure de vous livrer Notre-Dame de Paris au 1er février, époque convenue, mais encore je puis la mettre à votre disposition dès aujourd’hui, n’ayant plus que sept ou huit pages de conclusion à écrire. De cette façon, vous pourrez avancer la publication de près d’un mois, ce qui serait peut-être important pour vous. Voulez-vous me dire si cela vous serait agréable. Je serai charmé de vous remercier, par ce moyen, de la prévenance obligeante de votre lettre.

J’ai l’honneur d’être bien parfaitement. Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

Vor Hugo[4].
  1. L’Europe était, à la fin de 1830, en pleine effervescence ; une guerre européenne, dans laquelle la France se trouverait engagée, était, malgré les efforts de Louis-Philippe, imminente. Les vers, auxquels le début de cette lettre fait allusion, faisaient appel aux penseurs, aux écrivains :

    Que la plume s’aiguise en glaive sous vos doigts.
    Poète, laisse là ton Orient d’Asie,
    Et, poëte toujours, sois soldat une fois.

    Voilà la grande poésie !
    Le Figaro, 14 décembre 1830.
  2. Inédite.
  3. Gosselin avait offert un nouveau délai de trois semaines pour la remise du manuscrit de Notre-Dame de Paris.
  4. Collection Louis Barthou.