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Aux membres du Cercle Giuseppe Mazzini, à Gênes.


Paris, 28 février.
Mes chers concitoyens des États-Unis d’Europe,

Votre lettre me touche profondément[1], votre sympathie m’est précieuse entre toutes, vous représentez au plus haut degré toutes les hautes aspirations du progrès humain. Je ne suis rien qu’un combattant de la vérité, ayant pour seules armes la justice et la lumière. Mes épreuves ne peuvent que m’affermir, et je suis heureux, dans mon deuil, de sentir ma conscience en communion avec la conscience universelle.

Ma main presse les vôtres.

Votre ami.
Victor Hugo[2].


À Edgar Quinet[3].


2 mars.

Vous êtes un maître des esprits. Aucune parole ne dépasse la vôtre en autorité, en majesté, en douceur. Cher Quinet, je reçois votre lettre ; elle me paie mon livre. Comme vous et avec vous, je veux dégager la révolution de l’horreur dont on a cru lui faire une force ; dans ce livre[4] je la fais dominer par l’innocence ; je tâche de jeter sur ce chiffre effrayant, 93, un rayon apaisant ; je veux que le progrès continue de faire loi, et cesse de faire peur. C’est aussi votre volonté ; et parce que je le veux, nous avons le combat, et parce que vous le voulez, nous aurons la victoire.

Je baise la noble main de Madame Quinet, et je vous embrasse, mon illustre ami.

{d|Victor Hugo[5].|3}}

  1. Le Cercle Giuseppe Mazzini avait adressé à Victor Hugo, après la mort de son fils Victor, une lettre de condoléances.
  2. Le Rappel, 20 mars 1874.
  3. Inédite.
  4. Quatrevingt-treize, paru le 19 février 1874.
  5. Bibliothèque Nationale. Nouvelles acquisitions françaises.