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À Mesdames Maroteau et Humbert[1].


22 8bre 1874.
Pauvres mères,

Oui, je pense à vos enfants. Je ne les oublierai pas. Comptez sur moi. Je ne suis qu’une conscience, je ne suis qu’une voix, mais rien ne me décourage et rien ne me fait taire quand je recommande aux hommes si peu sûrs d’avoir raison, cette justice la plus haute de toutes, qu’on appelle la clémence.

Je mets à vos pieds mon respect[2].


À Madame Charles Hugo.


Paris, mardi 27 octobre.
Chère Alice, réponse :

J’invite Madame Mesnard à dîner et à déjeuner, avec son mari et ses enfants, tous les jours jusqu’à ce qu’elle soit laide.

Ceci, j’espère, nous donne de la marge. Cela dit, j’exige que vous vous portiez aussi bien que vos enfants. Sinon je me fâche. Ah mais !

Enfin proposition :

Mes ablutions d’eau froide exigent que j’aie une chambre au midi. Mais cette chambre peut être habitée à deux. Le petit lit de Georges ou de Jeanne, à votre choix, peut tenir à merveille au pied du mien. Bon feu. Bon air. Le reste n’est plus que de la réglementation. Je fais l’offre. Voulez-vous ?

Vous savez que, moi exact, je vous retiendrai parfaitement sur vos mille francs d’octobre environ 250 francs que j’ai avancés pour vous et que vous me devez ; mais le jour de votre rentrée, vous trouverez, je vous en avertis, 300 fr. en or dans votre assiette. Daignez les accepter.

Attrapée !

À lundi. Tendre embrassement[3].

  1. Mme Marotcau et Humbert avaient écrit à Victor Hugo pour le remercier « d’avoir donné une larme à nos enfants en pleurant les vôtres » ; allusion au passage publié dans Mes Fils après la mort de François-Victor ; Maroteau et Humbert avaient été déportés en Nouvelle-Calédonie pour des articles approuvant la Commune.
  2. Actes et Paroles. Depuis l’exil. Historique. Édition de l’Imprimerie Nationale.
  3. Maison de Victor Hugo.