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À Léon de Labessade[1].


Paris, 10 juin 1875.

Sémiramis fut un monstre, mais un beau monstre ; la Grèce et l’Orient n’en font pas d’autres.

Babylone tout entière est dans cette sombre et éblouissante figure.

La volupté et la cruauté sont le même phénomène ; les êtres comme Sémiramis le prouvent.

Je remercie le poëte, je remercie le sculpteur qui évoquent puissamment cette Reine belle et hideuse ; je les félicite, je leur envoie mon double applaudissement[2].

Ces apparitions du passé sont utiles ; elles renseignent le présent.

Il y a eu des Sémiramis dans notre histoire ; et l’on pourrait dire que Sémiramis, c’est plus qu’une Reine, c’est la Royauté même : Crime et Splendeur !

En nous remettant ces visions lumineuses et terribles sous les yeux, l’art fait son devoir ; c’est pourquoi je félicite le sculpteur et le poëte.

Victor Hugo[3].


À Madame Maroteau.


12 juin 1875.

Depuis deux jours. Madame, je savais l’affreuse nouvelle[4]. Je venais précisément d’élever la voix pour ces malheureux enfants condamnés.

Voix perdue, hélas ! Votre fils entre dans la grande amnistie d’en haut. Dieu a commué sa peine et l’admet dans sa lumière. Que ceci adoucisse votre deuil.

Je me mets à vos pieds, pauvre mère[5].

  1. Léon de Labcssade, critique et romancier, a publié quelques études sur le xixe siècle.
  2. Léon de Labessade.La Sémiramis ailée.
  3. Lettre reproduite en tête de La Sémiramis ailée.
  4. Extrait du Carnet : « 12 juin 1874. — Ce pauvre Maroteau vient de mourir à Nouméa au moment où j’élevais encore la voix pour lui ».
  5. Actes et Paroles. Depuis l’exil. Historique. Édition de l’Imprimerie Nationale.