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vous fussiez appelé à la Chambre ; vous êtes une noble intelligence, un vaillant cœur, un homme éprouvé ; vous seriez utile au peuple, au droit, à la liberté. Je fais des vœux pour vous et je vous serre la main.

Victor Hugo[1].


À Madame Simbozel.


3 février 1876.

Je reçois votre lettre, Madame[2]. Elle m’émeut. Malheureusement les Chambres ne se réunissent que le 8 mars. Je compte demander l’amnistie. Je tâcherai que cet odieux départ du 1er mars n’ait pas lieu. Je serais bien heureux si je parvenais à vous épargner cette douleur, ainsi qu’à tant d’autres pauvres familles.

Je mets à vos pieds mon respect.

Victor Hugo[3].


Au maréchal de Mac-Mahon, président de la République.


Paris, 7 février 1876.
Monsieur le Président de la République,

La femme d’un condamné politique qui n’a pas encore quitté la France me fait l’honneur de m’écrire. Je mets la lettre sous vos yeux.

En l’absence de la Commission des Grâces, c’est à vous que je crois devoir m’adresser.

Ce condamné fait partie d’un convoi de transportés qui doit partir pour la Nouvelle Calédonie le 1er mars. C’est huit jours après, le 8 mars, que les Chambres nouvelles entreront en fonction. Je suis de ceux qui pensent qu’elles voudront signaler leur avènement par l’amnistie. Ce grand acte d’apaisement est attendu par la France.

En présence de cette éventualité, et pour toutes ces raisons réunies, vous jugerez sans doute, monsieur le maréchal, qu’il conviendrait que le départ du 1er mars fut ajourné jusqu’à la décision des Chambres.

  1. Le Rappel, 30 janvier 1876.
  2. Madame Simbozel avait écrit à Victor Hugo pour le prier d’essayer d’empêcher le départ des condamnés à la déportation, départ qui devait avoir lieu le 1er mars. Simbozel faisait partie du convoi.
  3. Actes et Paroles. Depuis l’exil. Historique. Édition de l’Imprimerie Nationale.Collection Louis Barthou.