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Au général Deligny[1].


Paris, 7 septembre 1877.
Général,

Le sort d’un homme de talent et d’avenir est en ce moment entre vos mains.

M. Maurice Coste[2] est un écrivain distingué ; il est renommé déjà parmi les orateurs des conférences littéraires ; sa place est marquée parmi eux au premier rang.

M. Maurice Coste est réserviste ; il a eu, dernièrement, dans le service, un mouvement d’impatience dont il dépend de vous, général, d’arrêter les conséquences. — Votre haute intervention serait toute-puissante. Permettez-moi de vous la demander.

Ce qui explique et excuse le mouvement de fièvre qu’a eu M. Maurice Coste, c’est qu’il est en ce moment en proie à une profonde douleur. Il vient de perdre sa mère ; et il y a un an à peine qu’il a vu mourir de la façon la plus inattendue et la plus fatale sa jeune femme et son enfant nouveau-né. Il est lui-même d’une santé très délicate.

Général, je recommande M. Maurice Coste à toute votre bienveillance. Je connais l’élévation de votre cœur et de votre esprit. Je vous remercie, au nom des lettres, de ce que vous ferez pour ce jeune écrivain si digne d’estime et d’intérêt.

Recevez, général, l’assurance de ma haute considération[3].


Au Gambetta.


Mercredi matin [12 septembre 1877].

Si vous pouviez être grandi, leur acharnement vous grandirait[4] Ce gouvernement est aussi bête que vous êtes éloquent. Quel superlatif !

  1. Inédite.
  2. Maurice Coste écrivait sous le pseudonyme de Talmeyr.
  3. Bibliothèque Nationale. Copie. — Maurice Talmeyr, libéré d’après la recommandation de Victor Hugo, vint chez lui le 19 septembre et lui dit : Vous m’avez sauvé de dix ans de fers. — Choses vues, tome II, Édition de l’Imprimerie Nationale.
  4. Gambetta, dans un discours prononcé à Lille, le 15 août 1877, ayant dit que Mac-Mahon devrait se soumettre ou se démettre, fut poursuivi et condamné par défaut, le 11 septembre, pour « offense envers le chef de l’État » à trois mois de prison et 2 000 francs d’amende.