Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., En voyage, tome I.djvu/16

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— Non, cher enfant, j’aßisterai peut-être à la publication de deux ou trois volumes encore. Il y en aura quarante ! Enfin, j’ai mis l’édition en marche. Je suis tranquille.

Et il souriait, confiant, résigné.


Paul Meurice fut, avant tout, l’ami bienfaisant de Victor Hugo. Il admira l’œuvre avec paßion, &, connaißant la pure bonté de l’homme, il aima l’homme de toute son âme.

Comme il parlait ardemment de Victor Hugo ! Timide un peu, & si charmant, il conservait la fraîcheur d’enthousiasme des temps romantiques, le ton de fière révolte des luttes contre l’Empire. Il avait des accents de foi juvénile, des frénésies de partisan ; intrépide, il semblait combattre toujours. Et lorsque ses pensées le menaient aux années de glorieux apaisement, avec quelle émotion, quelle tendreße, quelle sérénité il évoquait son vieux maître ! Il était le survivant d’une épopée ; et nous écoutions pieusement sa voix sensible si persuasive, car nous comprenions qu’il savait la cause intime des joies & des douleurs, pourquoi Victor Hugo fut heureux, comment il souffrit.


L’existence entière de Paul Meurice fut a son grand ami ; il lui donna sa jeuneße & son activité, sa science