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LE RHIN.



LETTRE IX.
Aix-la-Chapelle. — Le tombeau de Charlemagne.


Tout ce qu’est Aix-la-Chapelle. — Charlemagne y est né et y est mort. — La Chapelle. — Architecture du portail, à laquelle l’auteur mêle une parenthèse. — Légende du diable qui est moins bête que les bourgeois et du moine qui a plus d’esprit que le diable. — La parenthèse se ferme et la Chapelle se rouvre. — Aspect de l’église. — Ensemble. — Détail. — Le tombeau de Charlemagne. — La lampe de Barberousse. — L’auteur invective le système décimal. — Tout ce qu’il y a dans l’armoire. — Éblouissement et admiration. — Où sont les trois couronnes de Charlemagne. — Autres armoires. Autres trésors. — La chaire. — Le chœur. — L’orgue. — L’aigle d’Othon III. — Le cœur de M. Antoine Berdolet. — Destinée des sarcophages. — Les empereurs ne gardent rien, pas même un tombeau. — Charlemagne prend son sarcophage à Auguste. — Barberousse prend sa chaise à Charlemagne. — Le Hochmunster. — Le fauteuil de marbre. — Comment était Charlemagne dans le sépulcre. — Profanation de Barberousse. — Mort de Barberousse. — Bruits qui courent sur son compte depuis six cents ans. — L’auteur refait le tombeau de Charlemagne. — Visite de l’empereur en 1804. — Napoléon devant le fauteuil de Charlemagne. — Visite des empereurs et des rois alliés en 1814. — Rapprochements. — De qui l’auteur tient tous ces détails. — Le sapeur du 36e régiment. — Les chats-moines. — Ne riez pas des noms populaires avant d’avoir examiné les noms aristocratiques. — L’hôtel de ville. — La tour de Granus. — Rêverie crépusculaire.


Aix-la-Chapelle, 6 août.

Aix-la-Chapelle, pour le malade, c’est une fontaine minérale, chaude, froide, ferrugineuse, sulfureuse ; pour le touriste, c’est un pays de redoutes et de concerts ; pour le pèlerin, c’est la châsse des grandes reliques qu’on ne voit que tous les sept ans, robe de la Vierge, langes de l’enfant Jésus, nappe sur laquelle fut décapité saint Jean-Baptiste ; pour l’antiquaire-chroniqueur, c’est une abbaye noble de filles à abbesse immédiate héritière du couvent d’hommes bâti par saint Grégoire, fils de Nicéphore, empereur d’orient ; pour l’amateur de chasses, c’est l’ancienne vallée des Sangliers, Porcetum, dont on a fait Borcette ; pour le manufacturier, c’est une source d’eau lessiveuse propre au lavage des laines ; pour le marchand, c’est une fabrique de draps et de casimirs, d’aiguilles et d’épingles ; pour celui qui n’est ni marchand, ni manufacturier, ni chasseur, ni antiquaire, ni pèlerin, ni touriste, ni malade, c’est la ville de Charlemagne.

Charlemagne, en effet, est né à Aix-la-Chapelle, et il y est mort. Il est