Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., En voyage, tome II.djvu/442

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On a mis 246 ans à bâtir la cathédrale, cinquante à faire la boiserie du chœur, qui a été terminée en 1529. Chose admirable, comparable aux menuiseries de Chartres et d’Amiens. Statues dans le style fier et charnu de Rubens. Détails remarqués çà et là : Quatre démons qui se disputent une tête et la tiennent aux cheveux. — Saint-Luc écrivant sur la planche de cire, le style à la main, le pouce passé dans la palette. — La justice et sa balance, l’abondance et la corne de la chèvre Amalthée, mêlées aux saints et aux apôtres.

Cette cathédrale est remarquable par le culte des sybilles. Il y a des sybilles dans les vitraux, il y en a dans le chœur. — La sybille de Samos, qui prédit la naissance de Jésus-Christ, tient une crèche dans sa main. — La sybille de Tibur prédit qu’un soldat souffletterait J.-C, elle tient à la main la main de ce soldat. — La sybille Delphique prédit qu’il serait couronné d’épines. Elle tient la couronne. La sybille Europa prédit la fuite en Égypte et le massacre des Innocents. Elle tient l’épée. Toutes ces figures, grandes comme nature, sculptées en demi-relief, forment les dossiers des stalles des chanoines. Il y a tous les personnages de l’ancien et du nouveau testament. Dans les vitraux il n’y a que l’ancien testament. Des allégories payennes ont place parmi les personnages. Entr’autres la Mort. Belle, grave, vêtue en religieuse, à demi voilée, elle tient d’une main une tête de squelette et de l’autre un miroir où elle se regarde. Elle semble comparer la beauté à la mort. — Le prophète Habacuc, avec un bicoquet, des bottines, un arc à la main et une barbe germanique. Un arc d’arbalétrier figurant au triomphe de Maximilien. — Quatre stalles font un petit drame d’un effet étrange dans le grave chœur : Uri conte son aventure à saint-Georges et lui montre du doigt Bethsabée qui regarde tendrement le roi David. — Quelques stalles se distinguent par des blasons et des attributs. Stalle du cardinal de Maupeou, avec son blason. On en a gratté les fleurs de lys. Il n’en reste qu’un lion. — Stalle du cardinal d’Armagnac, à gauche de la porte en entrant, faisant pendant, quoique plus basse, au trône de l’archevêque. Plus grande que les autres stalles canonicales, avec Adam et Ève pour dossier, et le serpent dans l’ombre. Ç’a été depuis la stalle du roi de France qui avait le titre de premier chanoine de la cathédrale d’Auch.

Stalle de l’archevêque. Haute et splendide. Avec saint-Pierre et saint-Paul pour dossier.

Au milieu du chœur un immense lutrin aux quatre faces duquel sont gravés les quatre noms cardinaux : Petrus, Paulus, Joannes, Jacobus. On a partout gratté les fleurs de lys.