Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Histoire, tome I.djvu/48

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par suite de l’adoption d’amendements par des députés, soit d’après son propre examen du budget, elles doivent, avant que vous soyez appelés à en délibérer, être renvoyées au conseil d’État et y être discutées.

« Là (il est impossible de ne pas le faire remarquer) elles n’ont pas d’interprètes, pas de défenseurs officiels.

« Ce mode de procéder paraît dériver de la Constitution elle-même ; et, si nous en parlons, c’est uniquement pour vous montrer qu’il a dû entraîner des lenteurs dans l’accomplissement de la tâche de la commission du budget[1] ».

On n’est pas plus tendre dans le reproche ; il est impossible de recevoir avec plus de chasteté, et de grâce ce que M. Bonaparte, dans son style d’autocrate, appelle des « garanties de calme[2] », et ce que Molière, dans sa liberté de grand écrivain, appelle des « coups de pied… [3]».

Il y a donc dans la boutique où se fabriquent les lois et les budgets un maître de la maison, le conseil d’État, et un domestique, le corps législatif. Aux termes de la « Constitution », qui est-ce qui nomme le maître de la maison ? M. Bonaparte ! Qui est-ce qui nomme le domestique ? La nation. C’est bien.

  1. Rapport de la commission du budget du corps législatif, juin 1852.
  2. Préambule de la Constitution
  3. Crûment. Voyez les Fourberies de Scapin