Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Histoire, tome II.djvu/27

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hésitation. M. Boudet tremblait, sa famille avait peur, on entendait par la fenêtre ouverte des décharges d’artillerie. Charton, vaillant et calme, lui dit : Vos amis Vivien, Rivet et Stourm ont signé. Boudet signa.

Plusieurs refusèrent, alléguant, l’un son grand âge, l’autre le res angusta domi, un autre, la « peur de faire les affaires des rouges ». – Dites la peur tout court, répliqua Charton.

Le lendemain 3, MM. Vivien et Bethmont portèrent la protestation à Boulay (de la Meurthe), vice-président de la République et président du conseil d’État, qui les reçut en robe de chambre, et leur cria : Allez-vous-en. Perdez-vous, soit, mais sans moi.

Le matin du 4, M. de Cormenin biffa sa signature, donnant cette raison inouïe et authentique : – Le mot ancien conseiller d’État ne fait pas bon effet sur un livre. Je crains de nuire à mon éditeur.

Encore un détail caractéristique. M. Béhic, le matin du 2, était arrivé pendant qu’on rédigeait la protestation. Il avait entr’ouvert la porte. Près de la porte se tenait M. Gauthier de Rumilly, un des membres les plus justement respectés du conseil d’État. M. Béhic avait demandé à M. Gauthier de Rumilly : – Que fait-on ? C’est un crime. Que faisons-nous ? M. Gauthier de Rumilly avait répondu : Une protestation. Sur ce mot, M. Béhic avait refermé la porte et avait disparu.

Il reparut plus tard, sous l’empire, ministre.