Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Histoire, tome II.djvu/68

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Par ce mot destitution, il faut entendre retrait d’emploi. D’après nos lois militaires actuelles, c’est de cette façon qu’on casse maintenant un officier. Retrait d’emploi, c’est-à-dire plus de service, plus de solde ; la misère.

En même temps que son retrait d’emploi, Scipion Dumas apprit l’attaque de la barricade de la rue Aumaire et que son frère y avait eu les deux jambes cassées. Dans la fièvre des événements, il avait été huit jours sans nouvelles d’Ossian. Scipion s’était borné à écrire à son frère pour lui faire part de son vote et de sa démission et l’engager à en faire autant.

— Son frère blessé ! Son frère au Val-de-Grâce ! – Il partit sur-le-champ pour Paris.

Il courut à l’hôpital. On le conduisit au lit d’Ossian. Le pauvre jeune homme avait eu les deux jambes coupées la veille.

Au moment où Scipion éperdu parut près de son lit, Ossian tenait à la main la croix que le général Saint-Arnaud venait de lui envoyer.

Le blessé se tourna vers l’aide de camp qui l’avait apportée et lui dit :

— Je ne veux pas de cette croix. Sur ma poitrine, elle serait teinte du sang de la République.

Et apercevant son frère qui entrait, il lui tendit la croix en criant :

— Prends-la, toi ! Tu as voté non et tu as brisé ton épée ! C’est toi qui l’as méritée !