Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Philosophie, tome I.djvu/104

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— Ma vie a été pleine d’épines.

— Est-ce pour cela que votre conscience est si déchirée ?


Il y a toujours deux choses dans une charte, la solution d’un peuple et d’un siècle, et une feuille de papier. Tout le secret, pour bien gouverner le progrès politique d’une nation, consiste à savoir distinguer ce qui est la solution sociale de ce qui est la feuille de papier. Tous les principes que les révolutions antécédentes ont dégagés forment le fonds, l’essence même de la charte ; respectez-les. Ainsi, liberté de culte, liberté de pensée, liberté de presse, liberté d’association, liberté de commerce, liberté d’industrie, liberté de chaire, de tribune, de théâtre, de tréteau, égalité devant la loi, libre accessibilité de toutes les capacités à tous les emplois, toutes choses sacrées et qui font choir, comme la torpille, les rois qui osent y toucher. Mais de la feuille de papier, de la forme, de la rédaction, de la lettre, des questions d’âge, de cens, d’éligibilité, d’hérédité, d’inamovibilité, de pénalité, inquiétez-vous-en peu et réformez à mesure que le temps et la société marchent. La lettre ne doit jamais se pétrifier quand les choses sont progressives. Si la lettre résiste, il faut la briser.


Il faut quelquefois violer les chartes pour leur faire des enfants.


En matière de pouvoir, toutes les fois que le fait n’a pas besoin d’être violent pour être, le fait est droit.


Une guerre générale éclatera quelque jour en Europe, la guerre des royaumes contre les patries.


M. de Talleyrand a dit à Louis-Philippe, avec un gracieux sourire, en lui prêtant serment : — Hé ! hé ! sire, c’est le treizième.