Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Philosophie, tome I.djvu/108

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dans le fleuve d’idées qui coule dessous et qui a emporté dernièrement le vieux pont de pierre des Bourbons.


Les têtes comme celle de Napoléon sont le point d’intersection de toutes les facultés humaines. Il faut bien des siècles pour reproduire le même accident.


Avant une république, ayons, s’il se peut, une chose publique.


J’admire encore La Rochejaquelein, Lescure, Cathelineau, Charette même ; je ne les aime plus. J’admire toujours Mirabeau et Napoléon ; je ne les hais plus.


Le sentiment de respect que m’inspire la Vendée n’est plus chez moi qu’une affaire d’imagination et de vertu. Je ne suis plus vendéen de cœur, mais d’âme seulement.


Copie textuelle d’une lettre anonyme adressée ces jours-ci à M. Dupin.

« Monsieur le sauveur, vous vous f… sur le pied de vexer les mendiants ! Pas tant de bagout, ou tu sauteras le pas ! J’en ai tordu de plus malins que toi ! À revoir, porte-toi bien, en attendant que je te tue. »


Mauvais éloge d’un homme que de dire : son opinion politique n’a pas varié depuis quarante ans. C’est dire que pour lui il n’y a eu ni expérience de chaque jour, ni réflexion, ni repli de la pensée sur les faits. C’est louer une eau d’être stagnante, un arbre d’être mort ; c’est préférer l’huître à l’aigle. Tout est variable au contraire dans l’opinion ; rien n’est absolu dans les choses politiques, excepté la moralité intérieure de ces choses. Or cette moralité est affaire de conscience et non d’opinion. L’opinion d’un homme peut donc changer honorablement, pourvu que sa conscience ne change pas. Progressif ou rétrograde, le mouvement est essentiellement vital, humain, social.