Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Philosophie, tome I.djvu/55

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Jde prose, la suivante, adressée à la fameuse Mlle Raucourt, na jamais été imprimée :

Raucourt, tes talents enchanteurs
Chaque jour te font des conquêtes ;
Tu fais soupirer tous les cœurs,
Tu fais tourner toutes les têtes.
Tu joins au prestige de l’art
Le charme heureux de la nature,
Et la victoire toujours sûre
Se range sous ton étendard.
Es-tu Didon ? es-tu Monime ?
Avec toi nous versons des pleurs ;
Nous gémissons de tes malheurs,
Et du sort cruel qui t’opprime.
L’art d’attendrir et de charmer
A paré ta brillante aurore ;
Mais ton cœur est fait pour aimer,
Et ton cœur ne dit rien encore.
Défends ce cœur du vain désir
De richesse et de renommée ;
L’amour seul donne le plaisir,
Et le plaisir est d’être aimée.
Déjà l’amour brille en tes yeux,
Il naîtra bientôt dans ton âme ;
Bientôt un mortel amoureux
Te fera partager sa flamme.
Heureux ! trop heureux, cet amant
Pour qui ton cœur deviendra tendre,
Si tu goûtes le sentiment
Comme tu sais si bien le rendre !

De jolis vers sans doute. J’avoue pourtant que j’ai peu de sympathie pour te espèce de poésie. J’aime mieux Homère.




SUR UN POËTE APPARU EN 1820.
Mai 1820.
I

Vous en rirez, gens du monde, vous hausserez les épaules, hommes de lettres[1], mes contemporains, car, je vous le dis entre nous, il n’en est peut-

  1. On n’a voulu évidemment désigner par cette expression que les prétendus hommes de lettres du jour. Le lecteur fera aisément les exceptions que la justice demande et qu’il est inutile d’indiquer. (Note du Conservateur littéraire.)