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AUX ROIS DE L’EUROPE.




ODE CINQUIÈME.

LE REPAS LIBRE.


Il y avait à Rome un antique usage : la veille de l’exécution des condamnés à mort, on leur donnait, à la porte de la prison, un repas public appelé le Repas libre.
Chateaubriand. Les Martyrs.


I

 
Lorsqu’à l’antique Olympe immolant l’Évangile,
Le préteur, appuyant d’un tribunal fragile
Ses temples odieux,
Livide, avait proscrit des chrétiens pleins de joie,
Victimes qu’attendaient, acharnés sur leur proie,
Les tigres et les dieux ;

Rome offrait un festin à leur élite sainte ;
Comme si, sur les bords du calice d’absinthe
Versant un peu de miel,
Sa pitié des martyrs ignorait l’énergie,
Et voulait consoler par une folle orgie
Ceux qu’appelait le ciel.

La pourpre recevait ces convives austères ;
Le falerne écumait dans de larges cratères
Ceints de myrtes fleuris ;