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ODES ET BALLADES.

Que Gadès édifie un auteur sur sa plage !
Que de lui-même, aux monts d’où se leva Pélage,
S’allume un feu mystérieux !

Pour témoigner de leurs paroles,
Où sont ces nouveaux Décius ?
Le brasier attend les Scévoles !
Le gouffre attend les Curtius !
Quoi ! traînant leurs fronts dans la poudre,
Tous, de Bourbon, qui tient la foudre,
Embrassent les sacrés genoux !… —
Ah ! la victoire est généreuse,
Leur cause inique est malheureuse,
Ils sont vaincus, ils sont absous !


VI



Un Bourbon pour punir ne voudrait pas combattre.
Le droit de son triomphe est toujours le pardon.
Pourtant des factions que son bras vient d’abattre,
Il éteint le dernier brandon.
Oh ! de combien de maux, peuples, il vous délivre !
Hélas ! à quels forfaits se livre
Le monstre, à ses pieds frémissant !
Nous qui l’avons vaincu, nous fûmes sa conquête.
Nous savons, lorsque tombe une royale tête,
Combien il en coule de sang !

Ô nos guerriers, venez ! vos mères sont contentes !
Vos bras, terreur du monde, en deviennent l’appui.
Assez on vit crouler de trônes sous vos tentes !
Relevez les rois aujourd’hui.
Dieu met sur votre char son arche glorieuse ;
Votre tente victorieuse
Est son tabernacle immortel ;