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ODES ET BALLADES.


ODE NEUVIÈME.

LA MORT DE Mlle DE SOMBREUIL.


Sunt lacrymæ rerum.
Virgile.


Une femme mourut qui pratiquait l’aumône.
A. Guiraud. L’aumône.


I

Lyre ! encore un hommage à la vertu qui t’aime !
Assez tu dérobas des hymnes d’anathème
Au funèbre Isaïe, au triste Ézéchiel !
Pour consoler les morts, pour pleurer les victimes,
Lyre, il faut de ces chants sublimes
Dont tous les échos sont au ciel.

Elle aussi, Dieu l’a rappelée ! —
Les cieux nous enviaient Sombreuil ;
Ils ont repris leur exilée ;
Nous tous, bannis, traînons le deuil.
Répondez, a-t-on vu son ombre
S’évanouir dans la nuit sombre,
Ou fuir vers le jour immortel ?
La vit-on monter ou descendre ?
Où déposerons-nous sa cendre ?
Est-ce à la tombe ? est-ce à l’autel ?

Ne pleurez pas, prions : les saints l’ont réclamée ;
Prions : adorez-la, vous qui l’avez aimée !