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LA MORT DE Mlle DE SOMBREUIL.

Seigneur ; je puis souffrir encore,
Et je veux encor consoler.

« Je pars ; ayez pitié de ceux que j’abandonne !
Quel amour leur rendra l’amour que je leur donne ?
Pourquoi du saint bonheur sitôt me couronner ?
Laissez mon âme encor sur leurs maux se répandre ;
Je n’aurai plus au ciel d’opprimés à défendre,
Ni d’oppresseurs à pardonner ! »

Il faut donc que le juste meure ! —
En vain, dans ses regrets nommés,
Ont passé devant sa demeure
Tous ses pauvres accoutumés.
Maintenant, ô fils des chaumières !
Payez son aumône en prières ;
Suivez-la d’un pieux adieu,
Orphelins, veuves déplorables,
Vous tous, faibles et misérables,
Images augustes de Dieu !


IV



Ô Dieu ! ne reprends pas ceux que ta flamme anime.
Si la vertu s’en va, que deviendra le crime ?
Où pourront du méchant se reposer les yeux ?
N’enlève pas au monde un espoir salutaire.
Laisse des justes sur la terre !
N’as-tu donc pas, Seigneur, assez d’anges aux cieux ?


1er -4 octobre 1823.